La « fin de la croissance chinoise » ? Non au conformisme aveugle
Au moment où la fameuse théorie de l’« effondrement imminent de la Chine » a fini par perdre de sa force, la réticence persistante de certains hommes politiques, universitaires et médias à reconnaître la résilience à long terme de la Chine a inventé une nouvelle expression : « fin de la croissance chinoise » — écrit Yi Da
Tout esprit indépendant rejette le conformisme aveugle. Examinons donc de près les mythes les plus erronés qui composent ce piège narratif.
Mythe 1 : Le poids économique de la Chine ne dépassera pas celui des États-Unis.
Se référant à l’écart qui s’est creusé ces deux dernières années entre les deux pays en termes de PIB, certains en concluent un peu trop rapidement que le PIB de la Chine ne dépassera jamais celui des États-Unis, sans tenir compte du contexte actuel ni des différences structurelles des deux économies.
Plusieurs facteurs expliquent l’écart croissant entre les PIB chinois et américain, dont notamment la dépréciation du renminbi par rapport au dollar. En 2023, la croissance chinoise était de 5,2%, et la croissance américaine, 2,5%. Et la Chine est largement en avance en termes d’économie réelle, comme en témoignent sa production de céréales, d’électricité, d’acier, de ciment et son industrie de construction navale qui sont respectivement 1,2, 2,3, 19, 20 et 70 fois plus importantes que celles des États-Unis qui continuent de pâtir de la désindustrialisation.
Ce que la plupart des tenants de la « fin de la croissance chinoise » n’arrivent pas à comprendre, c’est que la Chine ne s’est jamais intéressée à l’idée de « dépasser les États-Unis » en termes de PIB. Son objectif est toujours de se surpasser pour rendre la vie des Chinois meilleure.
Mythe 2 : La crise immobilière menace la croissance de long terme de la Chine.
AdvertisementL’immobilier reste un des piliers de l’économie chinoise, d’autant plus que les projections suggèrent que durant la prochaine décennie, 100 millions de Chinois migreront vers les zones urbaines.
Il est vrai que les ventes de logements commerciaux ont connu une baisse importante, mais le plein essor des investissements privés et du « nouveau trio » ‒ voitures électriques, batteries et panneaux solaires qui représentent une valeur ajoutée de 21 000 milliards de yuans RMB en 2022‒ est venu compenser la faible croissance du secteur. Selon les estimations du Centre finlandais de recherche sur l’énergie et l’air pur, l’industrie des énergies propres est d’ores et déjà le principal moteur de la croissance chinoise, y contribuant à 40% en 2023.
Moins de dépendance de l’immobilier, plus de croissance fondée sur l’innovation, l’essor de la nouvelle industrie manufacturière, du commerce électronique, de la 5G... Ces changements mettent en évidence la qualité du développement de la Chine et sa contribution à la réponse mondiale au changement climatique, aspect souvent noyé dans des débats où la passion domine.
Mythe 3 : Les investissements étrangers fuient la Chine.
Contrairement à ce que l’on entend souvent, le « découplage » de l’économie chinoise n’a jamais été une réalité.
En 2023, malgré une légère baisse, la Chine a attiré 1 130 milliards de yuans RMB d’IDE, troisième plus grand afflux de son histoire. Et les médias occidentaux ont fermé les yeux sur l’implantation en Chine de 53 766 nouvelles entreprises à capitaux étrangers, soit un bond de 40%, ainsi que l’explosion des investissements en provenance des économies développées autres que les États-Unis, en particulier de la France, de la Suède, de l’Allemagne, de l’Australie et de Singapour.
Pour un aperçu plus complet de la situation, il suffit d’examiner les enquêtes publiées par diverses chambres de commerce, qui révèlent que 80% des multinationales ont exprimé le désir de rester en Chine et même d’augmenter leurs investissements. Le retrait de certaines multinationales est davantage dû à l’émergence d’entreprises nationales compétitives qu’à des raisons politiques.
Mythe 4 : L’augmentation du chômage en Chine provoquera des troubles sociaux.
Les politologues affirment qu’en général, lorsque le taux de chômage atteint 20%, un pays sera confronté à des instabilités sociales. Ce n’est évidemment pas le cas en Chine. En 2023, son taux de chômage urbain était de 5,2%, bien en-deça du seuil d’alerte.
En effet, la lutte contre le chômage est toujours en haut de l’agenda du gouvernement chinois. Avec une population de 1,4 milliard d’habitants et plus de 10 millions de diplômés universitaires par an, la Chine doit créer chaque année 12 millions d’emplois. Pour ce faire, diverses politiques d’aide à l’emploi ont été mises en place, allant des réductions d’impôts aux bonifications d’intérêts.
Si le récent ralentissement économique a entraîné des licenciements, les pertes d’emploi ne se traduiront pas forcément par des bouleversements sociaux. Surtout si l’on prend en compte le nouvel essor de l’emploi flexible en Chine. Avec la vente en ligne et l’économie de la diffusion en continu, le nombre de travailleurs indépendants a considérablement augmenté. Des jeunes gagnent leur vie en chantant, en s’exprimant et en faisant des vlogs sur les réseaux sociaux, et ainsi se créent de nouveaux emplois.
Mythe 5 : Le vieillissement de la population chinoise est synonyme de déclin économique.
La première baisse de la population chinoise enregistrée en 2022 a incité le gouvernement à accélérer le pas vers une économie adaptée à la nouvelle réalité démographique.
Si le vieillissement de la société signifie une réduction de main-d’œuvre, il n’est pas nécessairement synonyme du manque de dynamisme économique. La réponse de la Chine consiste à mettre en valeur, entre autres, les technologies de l’IA et de l’automatisation. Des services sociaux, qui dépendaient autrefois du travail humain, se font désormais par des robots ou des drones. En outre, un taux brut d’inscription dans l’enseignement supérieur de plus de 60% assure à la Chine des compétences qualifiées et une possible montée en gamme des services.
Par ailleurs, la construction de la société du « bien-vieillir » sera aussi pourvoyeuse de valeur ajoutée et d’emplois. Selon les estimations, le secteur chinois du « grand âge » pourra engendrer une valeur de plus de 10 000 milliards de yuans RMB, au rythme d’une croissance annuelle de plus de 15%.
Mythe 6 : Les Chinois manquent de confiance en l’avenir.
En Asie de l’Est, la Chine comprise, la majorité des parents investissent considérablement dans l’éducation de leurs enfants, dans l’espoir d’assurer un avenir meilleur à la prochaine génération. Cela explique en partie la compétition sociale intense et constitue un puissant catalyseur d’innovation et d’amélioration, comme le prouvent les progrès de la Chine dans les domaines du spatial, des gros-porteurs, des puces et de la construction navale et automobile.
Il est vrai que les plaintes de la classe moyenne chinoise, alimentées par le récent ralentissement de la croissance et les fluctuations à court terme du marché financier, se font entendre plus souvent avec la floraison des médias sociaux. Mais l’émergence de nouveaux problèmes en Chine, comme le montre l’histoire de la réforme et de l’ouverture du pays, a toujours été annonciatrice de nouveaux progrès.
La Chine est une nation peu encline à baisser les bras dans l’adversité. Elle se tourne toujours vers l’avenir, convaincue qu’il sera meilleur. Un optimisme qui incarne la rationalité d’un grand peuple et la confiance collective dans la résilience à long terme du pays.
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